Québec
23 août 2021
M. François Legault, premier-ministre du Québec
M. Christian Dubé, ministre de la santé du Québec
M. Horacio Arruda, directeur national de santé publique du Québec
Messieurs, je vous écris aujourd'hui parce que j'ai bien réfléchi depuis 18 mois (on n'a que ça à faire anyway, réfléchir sur la pandémie pendant la pandémie) et j'aimerais vous faire part de mes demandes qui ne sont, somme toutes, pas très compliquées. Mais d'abord, un petit préambule.
Depuis mars 2020, j'ai été un petit étudiant modèle
J'ai bien suivi les consignes. Je me suis beaucoup renseigné. Comme tout le monde, j'ai relevé quelques incongruités mais je me suis gardé une gêne parce que j'étais conscient que vous faisiez face à une situation comme on n'en a pas vu depuis 3 générations complètes, une pandémie mondiale qui paralyse l'activité humaine pendant des jours, des semaines, des mois et bientôt, des années.
J'ai ragé mais compris la situation malgré tout quand les résidents des CHSLD tombaient comme des mouches. J'ai été inquiet mais j'ai fait attention quand les soins intensifs ont craqué de partout. J'ai respecté la distanciation, j'ai pété des coches aux clients de l'épicerie qui taponnaient tout avant de ne rien prendre, j'ai suivi les flèches, j'ai lavé mes mains, j'ai lavé mon épicerie, j'ai lavé mes sacs d'épicerie. J'ai porté le masque. J'ai évité de voir ma famille, mes amis, mes collègues. J'ai perdu mes revenus. J'ai cherché un autre emploi. Puis un autre. Puis un autre.
Je suis resté à la maison pour m'occuper des enfants quand la gardienne soupçonnait le Petit Prince de couver la Voldemaladie. J'ai assisté impuissant à la déprime grandissante de ma Pinotte qui n'avait pas envie d'assister à l'école en virtuel et qui n'avait aucun fun en présentiel à cause du concept des bulles-classe.
J'ai reçu les deux moitiés du vaccin. J'ai jamais serré la main de mes nouveaux amis. J'ai fait aucun câlin à mes parents. Moi qui suis une bête sociale, je me suis séparé durant la pandémie mais personne n'a pu venir m'aider en vrai. J'ai vécu mes joies et mes peines seul. Pendant 18 mois.
L'arrivée du vaccin
La bonne foi, ça a fait un temps. Ensuite, les cadeaux puis les avertissements. Il y a deux semaines, vous avez annoncé que le passeport vaccinal serait une réalité à partir du 1er septembre mais vous avez aussi dit que les détails seraient connus la semaine du 23 août. On sait maintenant que ce sera le mardi 24 août. Vous nous avez aussi promis que cette mesure avait comme but d'éviter un reconfinement.
Ok. J'achète mais en même temps, depuis mars 2020 qu'on se limite et qu'on accepte beaucoup d'incongruités en se disant que l'enjeu en vaudra bientôt la chandelle. Vous allumerez la chandelle le 24 août.
On est à boutte
Ma liste d'épicerie, a.k.a. le strict minimum qui me conviendra
- Que le passeport vaccinal soit exigé partout où c'est pas un commerce.
- Je parle ici de restaurants, cinéma, spectacles intérieurs et extérieurs, bibliothèque, cégeps et universités en présentiel, escape rooms, bars, théâtre et tout autre endroit que j'aurais oublié. Pas un commerce? Pas essentiel? Passeport.
- Que là où le passeport vaccinal soit exigé, que la vie reprenne comme en février 2020 pour les clients
- 100% de capacité partout où on présente sa preuve de vaccination. Bars ouverts jusqu'à 3h a.m. Restaurants bondés de monde. Karaoké. Pas de distanciation. Pas de masque.
- Vaccination obligatoire pour les travailleurs de la santé, le personnel enseignant et de soutien, les employés des garderies et CPE
- Infirmiers, médecins, sage-femmes, concierges d'hôpital, pharmaciennes, techniciens
- Professeurs, directrices, concierges, techniciennes, bibliothécaires
- Éducatrice en CPE/milieu familial, subventionné ou pas, conventionné ou pas, directeur de CPE et autres employés en contact avec des bambins
- Suspension sans solde en cas de refus
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